Un film qui déjoue toutes les attentes 

Dans “Un p’tit truc en plus”, le premier film d’Artus en tant que réalisateur, sorti en salle le mercredi 1er mai 2024,  deux braqueurs (Artus et Clovis Cornillac) se cachent dans une colonie de vacances pour personnes en situation de handicap afin d'échapper à la police. Cette comédie met en scène une dizaine de comédiens amateurs en situation de handicap, qui donne la réplique à des comédiens professionnels.  “Un p’tit truc en plus” aborde avec sensibilité et humour la question du handicap et de l’inclusion. L'équipe avait d’ailleurs monté les marches du festival de Cannes, lors de sa dernière édition en mai 2024, faisant souffler un vent de fraîcheur sur la grand-messe du cinéma international.

Plus gros succès de l'année en France, loin devant le blockbuster américano-canadien “Dune 2” et ses 4.33 millions d'entrées, “Un p’tit truc en plus” est devenu, avec plus de 8 millions d’entrées, le 29ème plus grand succès du cinéma français. Il dépasse ainsi "Le Cinquième Élément" (7 705 756 entrées) et "La Famille Bélier" (7 699 735 entrées). Le film a également devancé plusieurs grands succès du cinéma français, tels que "La Vérité si je mens !" 2 (7.4 millions), "Rabbi Jacob" (7.2 millions), "La Chèvre" (7 millions) et "Les Trois Frères" (6.6 millions).

Pour être plus précis, le film d’Artus a enregistré, deux mois après sa sortie, 8.5 millions d’entrées… pour le moment ! En effet, la barre des 10 millions sera bientôt franchie. Et ce n’est pas fini : “D’ici quelques jours, on va ajouter douze minutes de making-of à la fin du générique pendant les séances. On les mettra aussi dans le DVD. On a beaucoup d’images sur les coulisses qu’on a faites à l’iPhone. Je pense que le making-of sera mieux que le film. On fera aussi un documentaire sur les coulisses pour 2025.” a annoncé Artus au cours d’une interview durant laquelle le réalisateur et 4 de ses comédiens en situation de handicap, répondaient aux questions des lecteurs du Parisien, le 3 juillet 2024. 



Un p’tit projet en plus : des villages-vacances haut de gamme pour les personnes handicapées

Artus a révélé au Parisien, plancher sur un autre projet, indiquant vouloir “faire un Club Med pour des gens en situation de handicap, de standing 5 étoiles : c’est pas parce qu’il y a des handicapés dedans qu’il faut que les lieux soient glauques. On va lever des fonds. D’abord, je voudrais ouvrir un lieu à la mer et un autre à la montagne. On les appellera sûrement Un p’tit truc en plus.” L’acteur-réalisateur souhaite continuer de changer le regard de la société sur les personnes en situation de handicap en ouvrant des clubs de vacances spécialisés. Il a pour dessein de proposer des lieux où chacun pourra profiter de moments de détente et de loisirs sans barrières, dans un environnement bienveillant et inclusif.

Une déclaration qui rappelle ce qu'il avait déjà évoqué quelques mois plus tôt. En effet, dès la fin du mois de mai, lorsque le film attirait ses premiers millions de spectateurs, Artus envisageait déjà de prolonger l'expérience. Il l'avait même annoncé dans une story Instagram : "Grâce au succès du film, ce ne sera pas juste un film. On pourrait bien voir de beaux projets se concrétiser pour le monde du handicap, pour les structures et tout ça. Des choses se préparent." Cette volonté témoigne de l'impact que peut avoir le cinéma sur la société et de la responsabilité ressentie par les artistes au-delà de leur œuvre.



Besoin d'aide à domicile ?

Artus, les politiques et le handicap 

Artus souhaite que dans le contexte politique actuel, son film “Un p’tit truc en plus” rassemble toutes et tous : “Dans les salles, il y a des gens de toutes les religions, de tous les bords politiques, de tous les âges. Si on arrive à offrir cette petite bulle d’amour et de paix…” explique t-il aux lecteurs du Parisien.

Le jeune réalisateur de 36 ans prend également position sur le quotidien parfois très difficile des personnes en situation de handicap et partage son avis sur les mesures prioritaires en faveur de l’inclusion : “J’ai rencontré la ministre chargée des personnes handicapées au Festival de Cannes. Le plus important, c’est de rendre accessible un maximum d’endroits. Paris, c’est un scandale : les trottoirs, les métros… Je suis parti quelques jours à Londres et je me suis rendu compte de notre retard. J’ai envie de dire à Madame Hidalgo que c’est très bien de faire des pistes cyclables – moi, je fais tout à vélo –, mais que ce n’est pas normal, en deux mandats de maire, d’en faire aussi peu pour l’accessibilité. La ville fait même marche arrière parfois, comme quand elle ressort les pavés dans certaines rues. Le problème, c’est que le handicap concerne 14% de la population française, mais que ce ne sont pas les premières personnes à prendre la parole. Je serai très présent sur les Jeux paralympiques et je sens qu’on va se prendre des seaux de merde du monde entier, et on les aura mérités !”




Ces autres initiatives existantes  

Les séjours spécialement conçus pour les personnes en situation de handicap existent bel et bien en France. Ils sont en général proposés par des organismes locaux et nationaux.

Ainsi, la marque d’Etat “Tourisme et handicap” vise à développer une offre touristique ouverte à tous, adaptée aux personnes en perte d’autonomie et aux personnes en situation de handicap. L’offre touristique labellisée concerne l’hébergement, les loisirs et la restauration. Le label “Tourisme et handicap” garantit une information objective sur les caractéristiques du lieu. Les évaluations des sites et des équipements touristiques sont réalisées par des binômes d’évaluateurs issus du monde du tourisme et du handicap sur la base de critères précis.

Par exemple, Elodie et Louis Dransart proposent un lieu de répit unique en pleine nature pour les aidants et les aidés. Chez "les Bobos à la ferme", ceux et celles qui ont un enfant, un parent ou un proche handicapé ou malade, peuvent venir souffler grâce à des professionnels qui les relaient et les accompagnent. Situés dans le bucolique petit village de la Madelaine-sous-Montreuil en Côte d’Opale, dans les Hauts de France , Elodie et Louis Dransart ont aménagé plusieurs gîtes dans un corps de ferme en ruine. En 2023, “les Bobos à la ferme” c’est : 4 gîtes labellisés "Tourisme et Handicaps", 1 salle Snoezelen, 1 salle polyvalente, 1 salle handibalnéo, 1 Pôle Parents Aidants, 6 salariés et bientôt 2 chambres d'hôtes.

Autre exemple, le groupe associatif Handy’Up qui prévoit de transformer l’ancien hôpital de Vesoul (Haute-Saône) en un luxueux hôtel. Le projet de transformation baptisé "Le Castel" a été officiellement validé  au mois d’avril 2024. Il prévoit d'utiliser les 10 000 mètres carrés de l'ancien hôpital pour aménager un hôtel 4 étoiles, deux restaurants dont un semi-gastronomique, ainsi qu'un espace bien-être comprenant une piscine, un SPA et une salle de sport. De plus, un centre d'affaires et des bureaux seront disponibles à la location. Au cœur de ce projet, il y a la volonté de générer des emplois spécifiquement dédiés aux personnes en situation de handicap. Ainsi, sur les 70 postes créés, la moitié sera dédiée aux personnes porteuses de handicap. "Nous avions besoin de nous diversifier, et de nous ouvrir sur de nouvelles activités, en proposant des nouveaux métiers aux personnes que nous suivons, explique à France Bleu Maurice Deckmin, le président du groupe associatif Handy'Up. “Ils pourront ainsi travailler en salle, dans les restaurants, en cuisine, mais aussi à la réception, dans les chambres. C'est pour cela, avant tout, que nous avons eu l'idée de ce projet, tout en sachant que l'ancien hôpital a besoin de rénovation, d'une nouvelle vie." poursuit Maurice Deckmin. Le groupe associatif prévoit une ouverture de ses bureaux, ainsi que d'un premier restaurant, courant 2027. Pour le reste des services, l'hôtel et le spa notamment, il faudra patienter un peu plus longtemps.

Des associations proposent également des solutions de vacances adaptées aux adultes en situation de handicap. Un agrément “Vacances adaptées organisées” est délivré aux organisateurs de vacances avec hébergement d'une durée de plus de cinq jours lorsqu’elles sont destinées exclusivement à des groupes constitués de personnes en situation de handicap.