Dans l'interview qui accompagne le photoshoot, Margot Friedländer partage ses réflexions sur la vie, la résilience et l'importance de la mémoire. Elle insiste sur la nécessité de rester vigilant face à la montée de l'antisémitisme et de toutes formes de discrimination.
Une jeunesse marquée par les horreurs de la Seconde guerre mondiale
Née en 1921 à Berlin, Margot Friedländer (née Bendheim) a vécu une jeunesse bouleversée par la montée du nazisme. Après la séparation de ses parents, Margot a vécu avec sa mère et son jeune frère Ralph. Ils avaient l’intention de fuir l’Allemagne, mais en 1943, son frère a été arrêté par la Gestapo. Sa mère, dans un acte de courage, a affronté la Gestapo mais a ensuite été déportée à Auschwitz avec son fils, où tous deux ont été assassinés.
Désormais, Margot est seule au monde. En effet, son père a été assassiné dans un camp d'extermination en 1942. Avant sa déportation, la mère de Margot lui a laissé un message poignant : “Essaie de faire ta vie”. Ce message est devenu un guide pour Margot, alors âgée de 21 ans, qui s’est cachée durant plusieurs mois. Mais, trahie et dénoncée par ses voisins, Margot a été envoyée au camp de Theresienstadt, dans la Tchécoslovaquie occupée par les nazis en 1944. Elle y a survécu pendant 15 mois avant d'être libérée en 1945. Après la guerre, Margot a épousé Adolf Friedländer, un jeune homme qu'elle avait rencontré dans le camp, puis le couple a émigré aux États-Unis, plus précisément à New-York, en 1946.
Adolph et Margot Friedländer ont vécu à New York pendant plus de six décennies. Après le décès de son mari à l’âge de 88 ans, Margot est retournée à Berlin où elle y vit depuis 2010.
Dans l’entretien que Margot Friedländer a accordé au magazine Vogue Allemagne, la centenaire est revenue sur sa survie et sur la réalisation du souhait de sa mère. “Je suis reconnaissante. Je suis reconnaissante d’avoir réussi. D’avoir pu réaliser le souhait de ma mère. J’en ai fait ma vie.” , a-t-elle déclaré.
Un engagement pour la mémoire
Depuis, son retour à Berlin,
Margot Friedländer s'engage activement dans l'éducation sur l'Holocauste, ce qui lui a valu de nombreuses récompenses. Elle est devenue une figure emblématique de la mémoire de l'Holocauste. Son aura exceptionnelle, sa résilience et sa force ont largement dépassé les frontières de l’Europe. Margot Friedländer se consacre à partager son expérience avec les jeunes générations. Elle a publié en juillet 2014 ses mémoires, "Try to Make Your Life : A Jewish Girl Hiding in Nazi Berlin" - aux éditions Kindle Edition, et participe régulièrement à des conférences dans les
écoles et les universités.
Margot Friedländer n’a jamais arrêté de s’exprimer et d’éduquer sur ce douloureux sujet. A travers ses conférences, ses interviews et ses écrits,
elle transmet un message de tolérance, de paix et de résilience.
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle a accepté de poser pour le magazine.
Margot Friedländer se dit "consternée" par la montée du populisme de droite et l'augmentation des attaques antisémites. Elle encourage les gens à chercher ce qui les unit plutôt que ce qui les divise : "Soyez humains. Soyez raisonnables."

Une couverture historique
La décision de Vogue Allemagne de mettre Margot Friedländer en couverture de son numéro de juillet-août 2024 est un message puissant adressé à ses millions de lecteurs et au-delà. C'est la première fois qu'une survivante de l'Holocauste centenaire fait la une d'un magazine de mode de renommée mondiale. Cette couverture a rapidement fait le tour du monde, suscitant des réactions extrêmement enthousiastes et positives sur les réseaux sociaux ainsi que dans les médias internationaux. On ne le répétera jamais assez mais, à 102 ans, Margot incarne la persévérance, la résilience et la dignité face à l’adversité. Sa présence dans un magazine de mode prestigieux résonne comme un hommage à la vie et à l'espoir, prouvant que la beauté véritable transcende les âges et les épreuves.
Sur la photo de couverture, Margot Friedländer est rayonnante ! Élégante, souriante et tout de rouge vêtue, Margot fixe avec intensité l’objectif. Elle dégage de la bonté, de l'allégresse et de l'apaisement. D’ailleurs, Kerstin Weng, responsable du contenu éditorial de Vogue, a déclaré : "La personne la plus optimiste que je connaisse figure sur la couverture de ce numéro : Margot Friedlaender. Pour beaucoup, elle est reconnue comme survivante du Holocauste. Elle a surmonté les nazis, mais aussi la trahison et la perte. Elle a toutes les raisons d'être rancunière, mais elle reste ouverte d'esprit et refuse de prendre parti. Elle milite contre l'oubli et pour l'humanité et l'unité." [source : pepsnews]
Margot Friedländer a tenu à faire passer un message fort qui parle à tous : “Vous continuerez mon histoire. Que cela ne se reproduise plus jamais.”
Voici une personne dont la beauté humaine donne la plus grande des leçons de fraternité.
Comment ne pas saluer la lucidité, le courage de celle qui vient de nous dire:
-Regardez d'abord ce qui nous unit et non ce qui nous sépare.
Une feuille de route toute simple pour ceux qui ne veulent pas d'un monde violent.