Dans le cadre de son baromètre biannuel portant sur la situation financière et RH des établissements et services pour personnes âgées, la Fnadepa (Fédération Nationale des Associations de Directeurs d'Etablissements et services pour Personnes Agées) a interrogé courant mai ses 1 500 adhérents (directeurs d'Ehpad, résidences autonomie et services autonomie à domicile). Ainsi, 397 structures ont répondu : 58% du secteur public (fonction publique territoriale et fonction publique hospitalière) et 42% du secteur privé (associatif et commercial). Dans le détail, cela concerne 74.1% d'Ehpad, 17.6% de résidences autonomie, 7.5% de services à domicile et 0.8% de résidences services seniors. 


Une situation financière qui se dégrade

L’enquête souligne que la situation financière des établissements et services pour personnes âgées continue de se dégrader, qu’ils soient publics comme privés. En effet, plus de 65% des ESMS (Etablissements et services sociaux et médico-sociaux) ont terminé l’année 2023 dans le rouge, avec un déficit moyen de 177 302 €. L’aggravation du niveau de déficit a été de 23% entre 2022 et 2023. Si 7.1% des établissements et services ont terminé l'année à l'équilibre et 27.7% sont excédentaires, 69.6% de ces établissements ont eu recours à leurs réserves pour compenser des déficits en 2023 (contre 54.7% l'année précédente).

“La situation atteint un niveau critique inédit. Même sous perfusion, ce qui n’est déjà pas acceptable, notre secteur est en danger.”, s’alarme Jean-Pierre Riso, président de la FNADEPA. “48 % des établissements et services ne disposent pas de réserves de compensation suffisantes en cas de déficit. Pour plus de la moitié des Ehpad, l’augmentation du tarif hébergement est restée inférieure à l’inflation. A domicile, ce n’est guère mieux, avec la moitié des services déficitaires. Sans réforme majeure, nous allons prendre de plein fouet le mur démographique !”

Pourtant, ces établissements ont perçu des aides diverses, ce qui, selon la Fnadepa, témoigne d'un effort d'une ampleur inégalée de la part des ARS (Agence Régionale de Santé), des conseils départementaux et des communes pour secourir le secteur du Grand âge. L'enquête révèle ainsi que 42.3% des ESMS ont reçu une aide pour limiter ou compenser leur déficit (crédits non reconductibles ARS, fonds d’urgence via les commissions départementales, subventions CCAS, CIAS, ville…).

Néanmoins, à la mi-mai 2024, l’enquête montre que 51.8% des établissements et services estiment qu'ils auront des difficultés de trésorerie pour payer l'ensemble de leurs charges de fonctionnement. Ils étaient 53.6% en 2023. Et, 48.3% ne disposent pas de réserves de compensation suffisantes pour couvrir un éventuel déficit. Ils étaient 45.5% en 2023. Même s’il y a un très léger mieux, la situation financière et économique de ces établissements reste encore très inquiétante.



Les chiffres du déficit

L'étude de la Fnadepa montre que 69.5% des Ehpad sont déficitaires, avec un déficit moyen de 195 072€, contre 154 195€ en 2023, soit une aggravation de 26% en un an. De plus, une importante majorité des Ehpad (61.1%) a puisé dans ses réserves et 46.4% a pourtant bénéficié d'aides financières. Pour compenser les augmentations de charges dues à l'inflation, les directeurs estiment que leur tarif hébergement devrait augmenter de plus de 10% pour 49% d’entre-eux, de 4 à 6% pour 25% d’entre-eux, de 7 à 9% pour 22% d’entre-eux.

A noter : 33.6% des Ehpad ont une coupe Pathos "obsolète" (ndlr : c’est un outil d'évaluation qui permet au médecin coordonnateur d'un Ehpad ou d'un USLD de qualifier et de quantifier les soins nécessaires pour une personne âgée - la coupe PATHOS est réalisée sous la responsabilité du médecin coordonnateur de l'établissement) datant de 2019 ou antérieure, ce qui ne permet pas une réévaluation des moyens.

Quant aux résidences autonomie, 54% d'entre elles sont en déficit en 2023 (contre 57% en 2022). Le montant du déficit moyen est de 103 489€, contre 83 152€ en 2022, soit une aggravation de 24.5% en un an. Par ailleurs, 40% des résidences autonomie ont eu recours à leurs réserves et 35,7% ont bénéficié d'aides financières pour limiter un éventuel déficit. Enfin, 50% des services à domicile (SAD - Services Autonomie à Domicile - et SSIAD - Services de Soins Infirmiers à Domicile) sont déficitaires (contre 66% en 2022). Le montant moyen du déficit est de l’ordre de 118 792€.



Besoin d'aide à domicile ?

Une situation RH qui tend à s’améliorer

Alors que 14.6 % des établissements et services ont été contraints de fermer des lits ou de réduire des plans d’aide du fait du manque de personnel en 2023 (contre 28.1% en 2023), la Fnadepa souligne que la seule éclaircie - toute relative car les tensions subsistent encore fortement - est que la situation RH semble s’améliorer dans les établissements et services. Ainsi, 58% d’entre eux manquent de personnel. Ils étaient 82% l’année dernière, à hauteur de 4 ETP (Equivalent Temps Plein) en moyenne.

66% des Ehpad manquent de professionnels (contre 88% en 2023) et principalement d'aides-soignantes (à 97%), d'infirmiers diplômés d'état (à 42%), de médecins coordonnateurs (à 45%), d'accompagnants éducatifs et sociaux (AES) et d'agents de services hospitaliers (ASH) à 23%. 20.2% des résidences autonomie manquent de personnel (contre 54.9% en 2022) : essentiellement des agents de service polyvalent (65%) et des cuisiniers (53%). En revanche, la pénurie de personnel est la plus importante et la plus criante dans les services à domicile. Ainsi, 76.6% font actuellement face à un manque de personnel. Les aides à domicile (65%), les accompagnants éducatifs et sociaux (AES) et les aides médico-psychologiques (AMP) - 39% - ainsi que les aides-soignantes (39%) sont les catégories professionnelles qui manquent le plus à l’appel.

Pour la Fnadepa, ces résultats encourageants sont une preuve que les actions mises en œuvre (limitation du recours à l’intérim, innovations dans les modes de recrutement, etc.) sont efficaces et doivent être intensifiées.



L’appel à une réforme profonde

Le baromètre RH & Finances de la FNADEPA de 2024 peint un tableau encore préoccupant pour les établissements et services pour personnes âgées. Il sonne comme un véritable cri d'alarme pour un secteur en souffrance, appelant les pouvoirs publics à des mesures fortes pour assurer la pérennité de la prise en charge du Grand âge. Le compte à rebours est donc lancé.

D’ailleurs, la Fnadepa souligne l'urgence d'initier une réforme structurelle de l'accompagnement des personnes âgées à travers un projet de loi "Grand âge", conformément aux dispositions prévues par la loi “Bien vieillir”. En cette période électorale, elle incite les futurs députés à s’emparer de ce sujet essentiel, tout particulièrement au regard du vieillissement de notre Nation.

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Source : FNADEPA - Baromètre RH & Finances juin 2024 – La douche écossaise pour les établissements et services pour personnes âgées.