Un parcours professionnel atypique
Mathilde Parquet a fait des études littéraires et de sciences sociales avant d’exercer le métier d’ingénieure conductrice de travaux dans les BTP. Pourtant, le thème de la vieillesse a toujours été dans un coin de sa tête.
Dans une interview accordée au site
Agréâge (un réseau de professionnels de loisirs pour les personnes âgées) Photilde confie : “Je suis ensuite revenue à mon premier amour de la photographie et je continue de me former. Ce que je préfère c’est le portrait et les reportages où l’humain est présent. J’aime les rencontres que la photographie me permet de faire. C’est un révélateur de vie et de petites choses que la plupart des gens ne voient pas ou plus.”
Photilde a décidé de quitter son poste d’ingénieure il y a 5 ans pour devenir photographe. Mais, pas n’importe quelle
photographe ! La jeune femme a pour dessein d’aider “les Ehpad engagés à mettre en valeur leurs résidents et leurs équipes grâce à des photos simplement extra-ordinaires pour casser les clichés sur le grand âge et se différencier !”
Passionnée par le grand âge, Photilde déclare lors de ce même entretien pour Agréâge : “J’ai une petite activité de photographe de mariage et de famille que j’affectionne aussi ; mais la vieillesse est bien mon sujet de prédilection ! J’interviens à la fois auprès de particuliers, de lieux de vie (maisons de retraite,
Ehpad), de collectivités et d’entreprises du médico-social. Concernant les particuliers, ce sont les enfants ou petits-enfants qui vont me commander des portraits ou des reportages en immersion du quotidien de leurs êtres chers.”
Pourquoi œuvrer artistiquement en faveur de la vieillesse ?
Deux raisons principales ont poussé Photilde à photographier les seniors. Elle en dit plus au cours de son entrevue pour le site Agréâge :
Première raison : “D’abord à l’échelle individuelle et familiale, je me suis rendue compte que l’on n’a pas de jolies photos de nos grands-parents ou arrières-grands-parents tels qu’on les a connus, c’est-à-dire vieux. On en a d’eux quand ils étaient enfants ou à leur mariage et après presque plus rien. Or, s’il n’y a pas leur nom sur le dos de ces photos, je ne les reconnais pas puisque je ne les ai jamais connu jeunes. Dans un souci de transmission et de souvenir « vrai » pour mes propres enfants, j’ai envie d’avoir un portrait fidèle de ces personnes.”
Ainsi, les photos prises par un professionnel deviennent des souvenirs précieux pour les seniors et leur famille. Elles immortalisent des moments spéciaux et permettent aux seniors de partager leurs histoires et leur héritage avec les générations futures.
Deuxième raison : “A l’échelle sociétale, je suis en désaccord avec l’adage que je trouve encore majoritaire « la vieillesse est un naufrage » et tous les stéréotypes sur les vieux et vieilles. J’espère ainsi ouvrir le regard et montrer toute la diversité de la vieillesse et le voyage qu’est cette étape de la vie !” Et de poursuivre : “Ce qui me passionne dans la vieillesse et dans l’âge de manière générale, c’est que ce sont des sujets transversaux et pluridisciplinaires. Cela touche à la fois la biologie, la psychologie, le sociétal…et tout ça, plusieurs fois dans notre vie, à différents âges et étapes.”

Vieillir, c’est beau aussi !
A travers ses portraits, ses projets photos et ses expositions, Photilde souhaite avant tout
capter l’avancée en âge dans toute sa beauté mais aussi ses difficultés. Au micro de la chaîne M6, Photilde avoue avec gaieté que photographier les seniors lui apporte une certaine fraîcheur et de l’émotion car les personnes âgées sont inspirantes !
D’ailleurs, la photographie peut être considérée comme une forme de thérapie pour les seniors, en les encourageant à s'exprimer artistiquement et à partager leurs perspectives sur le monde qui les entoure. Cela peut favoriser le bien-être émotionnel et social.
Pour le site
Le Petit Reporter, Photilde explique : “En me documentant sur le sujet, j’ai compris ce que cette “Tyrannie du bien vieillir”, titre du livre de Michel Billé était réelle, on subit cette injonction, jusqu’au bout de notre vie (...) J’ai souhaité prendre à rebours cette catégorie d’injonctions. En réalité, on est confronté à la vieillesse plusieurs fois dans sa vie : petit, avec nos grands-parents ou arrière-grands-parents, puis avec nos parents qui prennent de l’âge, puis nous-mêmes. Et je constate qu’il y a plusieurs manières d’envisager la vieillesse, certains la verront comme un naufrage, mais elle peut être tout autre chose.”
Les révélations faites par le journaliste Victor Castanet (ndlr : le journaliste d’investigation qui a publié en janvier 2022 son livre-enquête “Les Fossoyeurs” révélant, entre autre, au grand public la maltraitance que pouvaient subir nos aînés dans certaines résidences Orpea) ont exposé une réalité déconcertante sur le vieillissement dans les établissements pour personnes âgées, suggérant que, passé un certain âge, il est courant voire systématique de se retrouver dans ces situations terribles.”. La photographe tient à tempérer cet argument : “cela ne concerne que 8% des plus de 80 ans. En vérité, ils vivent dans une grande diversité de lieux, des familles d’accueil, des colocations, ce n’est pas un passage obligé.”
Très belle initiative !
Je suis psychomotricienne dans un ehpad à la Garenne-Colombes. Pour la journée mondiale des personnes âgées, le mardi 1er octobre, j'aurais souhaité qu'un photographe vienne à l'ehpad prendre de belles photos de nos résidents et de leur famille. C'est une idée personnelle et je dois d'abord en parler à ma direction, mais seriez vous intéressée ?
Je vous remercie.
Lydie Chosson
lchosson(a)yahoo(.)fr