Le marché du soutien scolaire : un secteur en plein essor

Les cours les plus plébiscités concernent les matières générales - les mathématiques ou les langues vivantes (comme l’anglais, l’espagnol, l’allemand), le plus souvent dans l’optique du baccalauréat. La préparation aux concours nationaux et régionaux ou de grandes écoles justifie, elle aussi, de prendre des cours particuliers.

Le profil des élèves suivant des cours de soutien scolaire privés n’est pas nécessairement celui auquel on pourrait s’attendre de prime abord : l’élève en difficulté ou en échec scolaire. On trouve toute une palette de profils variés. Voici quelques caractéristiques générales :

Outre le désir d'optimiser la réussite de leurs enfants, les familles sont encouragées à utiliser le soutien scolaire pour une autre raison : ils bénéficient d’une incitation financière sous la forme d'un crédit d'impôt à hauteur de 50% du montant des salaires et charges sociales versés au tuteur pour des prestations réalisées à domicile.

“Le coup d’accélérateur des cours à domicile a été provoqué par le crédit d’impôt instantané mis en place à l’été 2022. En clair : au lieu de payer 50€ un cours, vous allez débourser la moitié, car vous bénéficiez d’un crédit de 50% sans avancer l’argent !” explique au Journal du Dimanche Hervé Lecat, le PDG de Complétude. 

Par ailleurs, le crédit d’impôt immédiat a une double fonctionnalité : c’est une façon de lutter contre le "travail au noir" très répandu dans le secteur des cours à domicile mais aussi, c’est un moyen de rendre plus accessible ces services aux classes moyennes qui n’avaient pas les moyens d’avancer l’argent. 

Même satisfaction affichée pour Philippe Coléon, le président d’Acadomia, le numéro 1 du soutien scolaire en France. En effet, la société peut se targuer d’une jolie croissance de l’ordre de 20 à 25% pour l’année scolaire 2022-2023. “Ces chiffres sont bien supérieurs à ceux des dernières années… il faut remonter une dizaine d’années pour avoir une croissance similaire !”  se réjouit Philippe Coléon pour le Journal du Dimanche. Le succès est tel qu’Acadomia cherche aujourd’hui à recruter (non sans quelques difficultés) 8000 professeurs supplémentaires. “On a actuellement 25% d’étudiants, 25% de retraités de l’Education nationale, le reste ce sont des profils variés avec de nombreux profs en activité… Avis aux amateurs !” interpelle Philippe Coléon. En effet, la demande est telle que toutes les entreprises de soutien scolaire font face à des défis de recrutement. C'est un secteur caractérisé par un taux de rotation important, notamment parmi les étudiants. Par conséquent, chaque année, des dizaines de milliers de professeurs sont recherchés.

Les nombreuses plateformes numériques apparues ces dernières années ne bénéficient pas du crédit d’impôt des services à la personne. Pourtant, la plupart d'entre elles constatent aussi une croissance de leur activité. La directrice du marketing de SchoolMouv (une start-up fondée il y a dix ans et spécialisée dans le contenu pédagogique à distance), Emmanuelle Galou, confirme cette attractivité grandissante : “Le Covid nous a beaucoup aidés, nous les plateformes, mais à l’heure actuelle, les besoins de solutions d’accompagnement en ligne restent forts. Nous sommes sur une pente ascendante.”

A noter, ces plateformes ont permis de faire baisser les prix sur un marché très concurrentiel. 

La digitalisation du secteur du soutien scolaire, largement favorisée par les nouvelles technologies, s'est avérée indispensable, surtout en pleine pandémie. Le confort et la praticité offerts par le numérique sont indéniables pour la plupart des élèves. Ce dispositif leur permet de suivre des cours complémentaires à domicile, à leur propre rythme, après les heures de classe.

Le virage vers la digitalisation des entreprises de soutien scolaire est une tendance significative qui prend de l'ampleur dans le secteur de l'éducation. Cette transformation reflète les évolutions rapides de la technologie et les changements dans les attentes des élèves, des parents et des enseignants en matière d'apprentissage.

Plusieurs entreprises de soutien scolaire ont investi dans des plateformes en ligne, des logiciels éducatifs et des outils numériques pour compléter leurs services traditionnels en présentiel. Cette digitalisation permet aux entreprises de fournir une gamme plus large de services, y compris des cours en ligne, des sessions de tutorat virtuel, des ressources pédagogiques interactives et des outils de suivi de la progression des élèves. C’est pourquoi, quand Acadomia, plateforme en ligne de soutien scolaire avant tout à domicile, a procédé à une digitalisation massive de ses services lors du premier confinement, 85% de ses élèves traditionnels l’ont rejoint.

Ainsi, les avantages de la digitalisation pour les entreprises de soutien scolaire incluent une plus grande flexibilité pour les élèves, qui peuvent accéder aux cours et aux ressources depuis n'importe où et à tout moment, ainsi qu'une personnalisation accrue de l'apprentissage en fonction des besoins individuels. De plus, la digitalisation permet aux entreprises de rationaliser leurs opérations internes, en facilitant la gestion des cours, la communication avec les enseignants et les familles, et la collecte de données pour évaluer l'efficacité des programmes.

Cette transition vers la digitalisation présente également des défis, notamment la nécessité d'investir dans des infrastructures technologiques robustes, de former le personnel à l'utilisation des nouveaux outils numériques, et de s'assurer que les plateformes en ligne sont sécurisées et respectent les normes de protection des données. Dans l'ensemble, le virage vers la digitalisation représente une opportunité majeure pour les entreprises de soutien scolaire d'améliorer leurs services, d'atteindre un plus large public d'élèves et de répondre aux besoins changeants du marché dans un monde de plus en plus numérique.

Cependant, ce modèle, avantageux pour toutes les classes sociales, présente quelques lacunes : l'élève se retrouve en autonomie totale, sans aucune interaction humaine, ce qui peut diminuer sa motivation à suivre les leçons. D’autant plus que l’on sait que, selon une enquête menée par la plateforme de soutien scolaire en ligne Kartable, 64% des élèves n'ont personne pour les aider à faire leurs devoirs à la maison. Les plateformes ont beau proposer des options qui comprennent des chats de discussion et des visioconférences pour aider les élèves en cas de difficulté, ces services sont souvent plus onéreux.

Le principal problème réside dans la diminution de l'efficacité de l'enseignement lorsqu'il est dispensé exclusivement en ligne. Une problématique démontrée en 2016 dans une étude menée par une professeure américaine.

L’attrait des plateformes d’apprentissage autonome et à abonnement abordable pourrait-il alors rapidement s’estomper ? En fin de compte, une tendance vers le retour au “tutorat traditionnel” semble prendre le dessus. En optant pour cette approche, les élèves abandonnent les plateformes d'apprentissage qui offrent un accès non-guidé au contenu, préférant un enseignement plus humain, plus interactif et plus efficace. De nombreux intervenants du marché du soutien scolaire se dirigent vers des cours à distance, dispensés par visioconférence et en petits groupes, à l’image : d’Acadomia, de Complétude, d’Anacours et bien d’autres.

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Autre source : EdTechCapital.