Qu’en est-il aujourd’hui de la maladie d’Alzheimer en France ?
En 2024, peu de chiffres fiables et récents sont disponibles sur la maladie d’Alzheimer ainsi que sur les maladies dites “apparentées”. En effet, un flou persiste autour de l’estimation de la prévalence de ces maladies compte tenu des difficultés liées au diagnostic, à l’hétérogénéité des prises en charge et aux méthodes d’estimation utilisées. La dernière étude établie par Santé publique France date d’il y a 10 ans. Elle chiffre à 1.2 million de personnes malades de “démences” (toutes maladies confondues).
L’étude de la Fondation Recherche Alzheimer, réalisée en partenariat avec Notre Temps par BVA Xsight du 4 au 18 octobre 2023, sur un échantillon national représentatif de 10 000 Français âgés de 30 ans et plus, a pour but d’actualiser les données mais aussi de relancer la prise de parole afin de sensibiliser l’opinion sur ces maladies.
Sur l’ensemble des personnes décrites de l’échantillon, l’étude montre que
1.3 million de personnes sont directement touchées par les maladies neuro-évolutives, soit 2% de la population globale. Cependant, sur cet échantillon, seulement 35% des personnes atteintes de maladies neuro-évolutives seraient diagnostiquées. Ce résultat s’explique en partie par l’absence de traitement de la maladie réellement efficace et un diagnostic précis qui n’est réservé qu’à des cas spécifiques comme les patients jeunes. Sans oublier qu’on ne meurt pas directement de ce type de maladie, il est donc difficile de déterminer le nombre précis de personnes qui décèdent à la suite du développement d’une maladie neuro-évolutive.
Concernant le profil des personnes atteintes, sur l’ensemble des personnes écrites de l’échantillon, on note que
les femmes sont toujours les plus touchées, puisqu’elles représentent 65% des personnes souffrant de maladies neuro-évolutives. 69% des personnes victimes de ces maladies ont 70 ans ou + (75 ans en moyenne).
L’étude souligne que
la majorité des personnes atteintes de la maladie vivent à leur domicile puisqu’elles sont 74% à rester chez elles. Seulement 24% vivent en établissement spécialisé dont la majorité en
Ehpad (19%).
Par ailleurs, l'étude note que de plus en plus d’individus âgés de plus de 50 ans doivent quitter leur emploi ou, dans le meilleur des cas, demander à travailler à temps partiel quand un de leur parent est malade. 11% des Français de 30 ans et plus ont un de leurs deux parents ou leur conjoint touché par une maladie neuro-évolutive. Le quotidien de ces aidants est alors chamboulé.
Les défis rencontrés par les malades et les proches
L’étude de la Fondation Recherche Alzheimer souligne l'importance de sensibiliser le public aux maladies neuro-évolutives, de réduire la stigmatisation associée à ces conditions et d'éduquer la population sur les signes précurseurs, les facteurs de risque et les stratégies de prévention.
En effet, selon l’étude, la maladie d’Alzheimer est encore un sujet tabou pour 58% de la population interrogée. Cela s’explique notamment par le fait que c’est une maladie qui fait peur comme le cancer et qui, dans l’esprit des gens, concerne principalement les personnes âgées. La maladie d'Alzheimer fait plus peur que le cancer pour 51% des Français interrogés. Ainsi, faire connaître la maladie d’Alzheimer reste un grand défi. Seulement 46% des personnes interrogées se déclarent bien informées sur cette maladie (causes, symptômes, évolution…) et uniquement 8% disent être très bien informées. Cela explique la raison pour laquelle il y a une forme de stigmatisation autour de la maladie d’Alzheimer. Alors que la maladie est largement répandue, 42% des individus se sentent mal à l’aise face à une personne touchée.
Si on compare avec d’autres maladies largement répandues en France comme le cancer, le gros point noir des maladies neuro-évolutives est le manque d’investissement dans la recherche, relève l'étude. En effet, 69% des personnes interrogées pensent que la recherche médicale n’a pas suffisamment de moyens. Les chiffres confirment cet état de fait puisque les fonds privés dédiés à la recherche sur Alzheimer en France correspondent à 10% des fonds privés dédiés au cancer. Il y a donc urgence à se mobiliser pour la recherche sur ces pathologies neuro-évolutives.
Enfin, il y a un réel déficit sur la prise en charge autour de cette maladie puisque, sur l’échantillon, seulement 49% des Français de 30 ans et plus pensent que les personnes touchées par la maladie d’Alzheimer sont très bien prises en charge.

Les attentes des aidants
Avec une proportion significative de la population touchée, il est crucial de fournir un soutien adéquat aux patients atteints de maladies neuro-évolutives et aux aidants, en offrant des services de soins et de soutien adaptés à leurs besoins spécifiques.
Les aidants jouent un rôle essentiel dans ces maladies. L'étude avance que 80% des personnes touchées par la maladie d’Alzheimer ou apparentées sont accompagnées. 73% d’entre elles sont aidées par un membre de leur famille (51% par un enfant et 32% par le conjoint). Mais, le quotidien de ces aidants est difficile. Ils sont souvent malmenés car ce n’est pas facile de s’occuper d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Les personnes malades peuvent devenir désagréables et difficiles à gérer. Le risque de maltraitance est alors important. 53% des personnes interrogées et même 60% chez les aidants pensent qu’on peut vite devenir maltraitant face à une personne souffrant de la maladie d’Alzheimer.
Selon l'enquête de la Fondation Recherche Alzheimer,
les proches des malades comme les équipes médicales ont beaucoup d’attentes sur ce qui reste à faire
pour améliorer leur quotidien. Tout d’abord, 39% des aidants attendent un soutien sur le maintien à domicile de la personne malade, 35% aimeraient un soutien financier pour eux ou pour la personne touchée par la maladie et, 33% souhaiteraient une augmentation du nombre de structures d’accueil spécialisées. D’autres solutions sont également pointées par un nombre significatif d’aidants : 25% aimeraient plus de soutien psychologique pour la personne aidée ou l’aidant ainsi qu’une meilleure information sur les aides de l'État, 23% estiment qu’une meilleure coordination entre tous les acteurs évoluant autour des malades serait utile comme davantage de structures d’accueil de jour. Enfin 20% des aidants souhaiteraient des jours de congés supplémentaires ou un aménagement de leur temps de travail.
L’étude souligne également l'importance d'investir davantage dans la recherche sur les maladies neuro-évolutives, notamment la maladie d'Alzheimer, afin de mieux comprendre leurs mécanismes, d'identifier des traitements efficaces et de trouver des moyens de prévention. Jean-Luc Angélis, directeur de la Fondation Recherche Alzheimer commente : “Comme cela a été fait sur le cancer, il est temps d’agir et d’investir sur la recherche autour des maladies neuro-évolutives afin de limiter leurs développements. Avec le vieillissement de la population, nous ne pouvons plus attendre et devons dès aujourd’hui tout mettre en place pour trouver des moyens de prévenir ces maladies et empêcher leurs développements. La Fondation Recherche Alzheimer est le 1er financeur privé de la recherche sur Alzheimer en France et met tout en œuvre pour avancer sur la mise au point d’un diagnostic précoce et d’un traitement efficace.”
Source des informations :
Fondation Recherche Alzheimer.