La genèse de la Méthode T Bien
Florian Roger est un enfant de la balle ! Les
Ehpad ont toujours occupé une place prépondérante dans sa vie et ce, depuis sa naissance. Pour
Gerontonews, il déclare : "J'ai passé les six premières années dans la maison de retraite familiale, Melod'hier, située à Coubert en Seine-et-Marne. Elle a été dirigée par ma grand-mère puis par mon père pendant 40 ans".
C’est logiquement que les parcours estudiantin puis professionnel ont conduit Florian Roger à se tourner vers le médico-social. En effet, après des études d'ingénieur, il passe un DESS médico-social au Canada puis, il intègre la Maison de Solemnes, un établissement pionnier dans l'accompagnement des résidents Alzheimer. Après avoir occupé un poste de conseiller technique au Syndicat National des Etablissements et Résidences Privés pour Personnes Agées (Synerpa), Florian Roger est à la tête, depuis 15 ans, de l'Ehpad Mélavie à Montgeron dans l'Essonne. Puis, après le départ à la retraite de son père de l’Ehpad Melod'hier, juste avant le début de la crise sanitaire, il prend sa succession. Aujourd’hui, Florian Roger dirige 2 Ehpad. Il tient à préciser que “ce sont deux entités complètement différentes, au statut privé à but lucratif mais au comportement associatif. Je suis un indépendant, tout m'appartient".
Après quelques recherches, Florian Roger dit avoir été “frappé de constater que les effets indésirables des médicaments représentent la première cause de mortalité en Ehpad. J'ai donc décidé de m'attaquer à la consommation de médicaments en remplaçant ceux dits "de confort" par des thérapies "bien-être" non médicamenteuses.” C’est ainsi qu’est née la méthode TBien.
D’ailleurs, un
rapport remis en 2013 par Philippe Verger soulignait déjà que les personnes âgées étaient plus exposées aux événements indésirables associés aux médicaments du fait des changements physiologiques qui accompagnent le vieillissement normal et de la présence de multiples pathologies. Cette poly-pathologie expose au risque d’une poly-médication qui multiplie les interactions médicamenteuses et les effets indésirables. Ces derniers peuvent eux-mêmes générer de nouvelles prescriptions.
Or, souligne le rapport, le premier facteur incriminé de la iatrogénie du sujet âgé est la consommation médicamenteuse. On parle de “Prescription mille feuilles” (8 lignes en moyenne en Ehpad selon les études) favorisée en Ehpad par la multiplication des prescripteurs (le médecin traitant, et possiblement le médecin hospitalier, le spécialiste, l’urgentiste, parfois le médecin coordonnateur), à quoi s’ajoute l’auto-médication. S’agissant des pratiques de prescription, de nombreux travaux ont établi la relation quasi linéaire de réactions indésirables avec le nombre de médicaments. Par ailleurs, du fait de la morbidité rencontrée dans cette tranche d’âge, la plupart des médicaments, dont des substances à index thérapeutique étroit, exposent le résident à une toxicité dose-dépendante (psychotropes, antihypertenseurs, digoxine, anti-inflammatoires, anticoagulants).
Un remède pour lutter contre le déficit de la Sécurité sociale et contribuer au bien-être des résidents
Depuis le mois de janvier 2023, Florian Roger a mis en place la méthode TBien (pour "Thérapies bien-être"), à savoir un accompagnement "en santé intégrative". Ainsi, les résidents des Ehpad de Mélod'hier et Mélavie en bénéficient depuis un peu plus d'un an. Il s'agit d'une
approche humaine basée sur la médecine traditionnelle et 12 thérapies bien-être. Concrètement, une équipe interdisciplinaire de 12 thérapeutes est mise en place afin d'apporter tous les soins nécessaires : musicothérapeute, psychologue, psychomotricien, kinésithérapeute, réflexologue, sophrologue, aromathérapeute.
Chaque résident reçoit une
prise en charge sur mesure, en fonction des traitements qui lui conviennent le mieux. En cas de problème, le médecin coordonnateur bénéficie désormais d'autres "outils" que les médicaments. Avec les thérapeutes "bien-être", ils déterminent le plan de soin du résident.
L'originalité de la méthode TBien repose sur le temps de présence du médecin tient à préciser Florian Roger pour
Gerontonews. “Avec cette méthode, il est là six jours sur sept, du lundi au samedi. C'est un investissement de 140 000€ par an, dont 40 000€ pris en charge par la Sécurité sociale.”
Selon Florian Roger, “le retour sur investissement est colossal.” En effet, poursuit le directeur d’Ehpad, “la présence d'un médecin permet de diminuer le nombre d'hospitalisations. En un an, avec ma méthode, nous avons constaté une chute de 66% des hospitalisations. Ce qui représente un gain de "non-passage aux urgences" d'un million d'euros (coût des transports compris) pour la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM). Avec la méthode TBien, il y a donc un effet de levier financier : pour 100 000€ investis, on fait économiser un million d'euros à la CPAM.” Autre avantage, la méthode TBien permet de rendre la structure plus attractive : “Nous n'avons aucun mal à recruter. Mieux, nous arrivons à capter les professionnels aux alentours. C'est pour cela que je souhaite intégrer un centre de santé au cœur de mon établissement.” explique Florian Roger.
L’objectif est d'ouvrir un centre de santé au mois d'avril prochain au sein même de l’Ehpad de la Mélod’hier, situé à l’entrée de la commune de la Coubert en Seine-et-Marne). “Installé dans un parc d'un hectare et demi, dans un département particulièrement touché par la raréfaction des médecins, ce centre de santé accueillera quatre médecins (un neurologue, un psychologue, un ostéopathe et un orthophoniste). Cela représente un gain supplémentaire de trois millions d'euros pour la CPAM. En résumé, avec un investissement de 100 000€ pour l'Ehpad et de 500 000€ pour créer le centre de santé, les bénéfices sont de quatre millions d'euros par an.” précise le fondateur de la méthode TBien.
De plus,
le centre de santé sera ouvert sur l’extérieur. “Le but, c’est qu’en plus des résidents, leurs proches, les professionnels de l’établissement, mais aussi les riverains des communes alentours puissent venir recevoir des soins ici.”, ambitionne Florian Roger dans un entretien accordé au site
Actu. De quoi combattre de manière efficace la désertification médicale dont souffre la Seine-et-Marne.

Et après ?
Florian Roger souhaite que la méthode TBien se développe sur l’ensemble du territoire. Il ne se fait pourtant pas beaucoup d’illusion, déclarant pour Gerontonews : “Les directeurs d'Ehpad vont difficilement s'en saisir. Pour la simple et bonne raison que les agences régionales de santé (ARS) ne vont pas financer ce temps de médecin. J'ai décidé de le faire à mes frais mais les grands groupes privés, tenus par des actionnaires, ne vont pas vouloir non plus vouloir dépenser 100 000€ supplémentaires. De même, pour les directions d'Ehpad publics ou associatifs. La période est à la réduction des coûts et non à l'investissement.”
Florian Roger cultive néanmoins le dessein de mettre en place un label TBien qui reposerait sur 8 critères :
- La présence 6 jours sur 7 des médecins et professionnels de santé au sein des structures ;
- L'installation systématique d'un centre de santé pluridisciplinaire ;
- L'instauration d'une médecine intégrative qui équilibre entre la prise de médicaments et 10 spécialités INM (interventions non-médicamenteuses) ;
- La formation "Humanitude" obligatoire pour l'ensemble des équipes (direction, logistique-administratif et soignants) ;
- L'obligation de recourir à une alimentation saine et locale pour tous : habitants comme personnels ;
- La multi ouverture des accompagnements avec trois prestations d'agrément au choix : restauration, massage, crèche…
- La mise à disposition d'outils technologiques pour les équipes ;
- La satisfaction client.
Si certains directeurs d’Ehpad se sont montrés intéressés, Florian Roger souhaite avant toute chose que
la méthode TBien soit validée par le gouvernement pour pouvoir la diffuser de manière plus structurée.
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