Qu’est ce qu’un tiers-lieux ?
La CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie) définit le tiers-lieu comme étant un “lieu inspirant et stimulant pour les résidents de l’Ehpad ou de la résidence autonomie, une place du village qui fait entrer dans l’établissement des personnes et des activités inédites.”
L’appel à projets
“Un tiers-lieu dans mon Ehpad” a fait le pari d’accompagner l’ouverture et la transformation de ces lieux de vie. Il a permis de renouveler les projets des établissements avec l’appui et la contribution des équipes soignantes, des habitants et des familles. Une véranda, une extension, la réhabilitation de pièces délaissées, des espaces extérieurs… sont autant de lieux opportuns pour imaginer une nouvelle forme d’accueil, de convivialité et d’intégration dans l’environnement de proximité. Plus qu’une agrafe entre la ville et l’
Ehpad, cet appel à projets est une invitation des établissements et des personnes âgées à investir la vie de la cité. Les 25 Ehpad lauréats portent en eux à travers la démarche tiers-lieu un nouveau rapport à la vieillesse, ressource essentielle à la vie collective.
De surcroît, le tiers-lieu profite aussi au personnel des établissements spécialisés puisqu’il s’agit de changer la perception des métiers du soin pour revaloriser certaines compétences. L’Ehpad ne se réduit plus à une simple prise en charge médicalisée des seniors. Il s’agit d’imaginer un nouveau lieu, un autre projet, sans quitter les murs de la structure. L’idée de proposer des tiers-lieux en Ehpad s’inscrit dans une démarche plus générale pour moderniser et transformer les structures d’accueil liées au grand âge. La transition générationnelle est déjà en cours et l’Ehpad doit s’adapter aux nouveaux besoins. S’engager pour des tiers-lieux en Ehpad, c’est changer les codes et modifier la perception des centres d’accueil pour personnes âgées.
Ainsi, en janvier 2022, à Harnes, dans le Pas-de-Calais, Brigitte Bourguignon, à l'époque ministre déléguée chargée de l’Autonomie, annonçait que l’État financerait, à hauteur de 3 millions d’euros, 25 tiers-lieux en Ehpad, grâce au plan d’investissement du Ségur. La ministre déclarait : “Je suis convaincue qu’il est indispensable de développer des tiers-lieux dans les Ehpad, car ils participent pleinement à ouvrir davantage ces établissements sur la vie sociale de leur territoire et à renforcer les solidarités entre générations. C’est pourquoi j’ai souhaité que l’État investisse des crédits spécifiques pour financer ce type de projets innovants.”
Objectifs affichés ? Que ces futurs espaces soient co-construits par les résidents, avec des acteurs de la vie locale, mais aussi des voisins. Cuisines partagées, cafés solidaires, escape games inter-générationnels sont autant de projets qui participeront à ouvrir davantage ces établissements sur la vie sociale de leur territoire et à renforcer les solidarités entre les générations.
L’apport des tiers-lieux : un enrichissement pour tous
Dans le cadre d’un mémoire pour le Master 2 Santé, médico-social et parcours de santé de l’université Gustave Eiffel, 7 gestionnaires de tiers-lieux en Ehpad ont été interrogés lors du premier semestre 2022, 6 lauréats de l’appel à projets de la CNSA “Un tiers-lieu dans mon Ehpad”, et 2 gestionnaires ayant déjà mené à terme un projet de tiers-lieu. Il en ressort que le dispositif, qui a connu un réel engouement, avec 363 réponses et 25 projets financés, est bénéfique pour tous. Parmi les projets, des jardins partagés, des cafés solidaires, un plateau de tournage, des restaurants et cuisines partagées, une microbrasserie, une crèche, une école de musique, etc. Tous ces tiers-lieux visent à rassembler résidents, salariés et personnes extérieures autour d’activités communes. Naissent ainsi des espaces de socialisation qui favorisent la rencontre et le faire ensemble, impliquent l’ensemble des acteurs locaux dans une démarche collaborative autour de projets communs.
De nouvelles activités, de nouveaux liens, de nouvelles interactions amènent à reconsidérer la personne vulnérable comme source de potentialité pour notre société. Le tiers-lieu rassemble et favorise les échanges. Les résidents se mêlent à un public extérieur qui permet d’élargir le cercle de leurs relations.
Certes, la perte d’autonomie est très présente en Ehpad, mais elle ne constitue pas obligatoirement un frein au “vivre ensemble” relève l’article de l’étude. Les personnes accueillies qui entrent dans la démarche de tiers-lieu voient leur potentiel et leurs capacités valorisées, elles intègrent une communauté, améliorant la qualité et la quantité des liens sociaux et diminuant l’isolement social.
Ainsi, la dynamique tiers-lieu se révèle bénéfique pour les personnes accueillies, mais là n’est pas son seul intérêt, souligne l’étude. En effet, le tiers-lieu devient un lieu de proximité ancré dans un environnement tourné vers le partage et la solidarité, qui répond à des besoins de territoire. En ouvrant ses portes, il développe ainsi une dynamique locale et participe à l’animation citoyenne et culturelle. Le tiers-lieu, à l’intersection de l’institution et de la société, devient un véritable lieu de ressources qui contribue à l’amélioration de la qualité de vie des résidents, des familles, des professionnels et des habitants d’un quartier. Pour cela, un soin particulier est accordé à l’aménagement du lieu. Parfois légèrement à l’écart de l’Ehpad, voire itinérant, parfois totalement intégré dans les locaux, il est toujours facilement accessible de l’extérieur et son aménagement le distingue clairement du reste de la résidence pour en faire un lieu de convivialité.
L'étude montre également que les activités proposées nécessitent une réelle réflexion. À certaines occasions, le résident peut n’être que spectateur d’une activité qui lui offre une ouverture culturelle et des occasions d’échange avec les participants. Parfois, le résident accède à des nouvelles activités, ce qui nécessite un travail en amont avec l’animateur extérieur pour prendre en compte l’état physique ou cognitif des personnes âgées dans la conduite de l’activité. Enfin, le résident peut être animateur. Il sort du rôle de celui dont on s’occupe pour être la personne qui propose, qui sait faire, qui montre aux autres. Un ancien paysagiste dispensera des conseils de jardinage, une résidente passionnée présentera une recette de cuisine, un résident ancien DJ proposera une playlist pour l’animation musicale du lieu, des résidents contribueront au service du café solidaire, faisant ainsi évoluer le regard des habitants du territoire mais aussi des familles sur l’Ehpad et ses occupants.
Les tiers-lieux possèdent de nombreux avantages. Selon l'étude, ce nouveau dispositif apparaît comme un levier prometteur dans l’amélioration de l’accompagnement des résidents, mais également comme un levier d’attractivité pour les établissements et les métiers du “prendre soin”.

Pourquoi proposer des tiers-lieux en Ehpad ?
Avant tout, il s'agit d’encourager des initiatives visant à ouvrir les Ehpad sur leur quartier, au travers de lieux co-construits avec les habitants, les voisins, et les acteurs de la vie sociale locale. L'appel à projets de 2021 s’inscrit dans un objectif global de transformation de l’offre d’Ehpad qui permet de concilier : soin, sécurité et pleine citoyenneté des plus âgés.
Il convient de souligner que les tiers-lieu proposent des expériences nouvelles (voire indédites) comme de la couture, de la gym ou des ateliers de théâtre.Ils répondent à la fois aux besoins des résidents et à ceux du territoire à travers des activités sociales, manuelles, culturelles, artistiques et culinaires. Les tiers-lieux en EHPAD peuvent couvrir bien des besoins en misant sur : l’ouverture à différents publics ; la réforme de la fonction d’accueil ; l’écoute des initiatives des résidents et de leurs familles.
Participation, décloisonnement, partenariat, organisation du travail… En pratique, cela peut prendre bien des formes. Par exemple, l'Ehpad Croix Rouge Clovis Hoarau à Saint-Denis (l'île de la Réunion) propose des activités pour tous telles que : un vestiboutique, un bureau, un salon de coiffure, des soins esthétiques, un atelier artistique, une projection de films, un salon de thé, un atelier numérique, des expositions, et un jardin partagé. A Marseille, la structure des Jardins d’Haïti propose une nouvelle vision. En plus d’un Ehpad, l’établissement possède une crèche, un cinéma et une école de musique. Un Ehpad a même fait le choix d’ouvrir un bar, un autre un café solidaire. Et dans d’autres structures, les tiers-lieux remettent en question les relations entre le personnel, la famille et les résidents. La relation soignant-soigné traditionnel laisse la place à une relation d’humain à humain qui remet l’identité individuelle au cœur du processus. Belle initiative !
Pour créer un tiers-lieu, les Ehpad peuvent profiter de travaux comme une salle à transformer, une aile à agrandir ou un nouvel espace à investir.
L’appel à projets de 2021 et ses suites
Pour soutenir la création de ces tiers-lieux jusqu’en 2024 inclus, la
CNSA met maintenant chaque année
2.5 millions d’euros à disposition des Agences Régionales de Santé(pour les Ehpad)
et 1.5 million d’euros à disposition des Caisses Locales de l’Assurance Retraite(pour les résidences autonomie), dans le cadre du plan d’aide à l’investissement prévu par le Ségur de la Santé et financé par France Relance avec le soutien de l’Union européenne. Ces fonds permettent de financer des travaux, des prestations intellectuelles et de l’équipement.
Mobiliser les enveloppes du Ségur de la Santé pour transformer en profondeur le modèle des Ehpad constitue un des objectifs de la feuille de route de la CNSA pour la période 2022-2026, contractualisée avec l’État. Conformément aux orientations du Conseil de la CNSA pour la branche Autonomie de la Sécurité sociale, il s’agit de promouvoir la pleine citoyenneté des personnes âgées ainsi qu’une véritable “approche domiciliaire” de l’offre, favorisant le sentiment d’être chez soi. Cela passe notamment par le développement des échanges intergénérationnels que doit faciliter l’ouverture des Ehpad sur l’extérieur.
La création de tiers-lieux par les Ehpad et les résidences autonomie, avec leurs voisins et l’ensemble des acteurs de la vie locale, constitue une des réponses à cet enjeu que soutient la CNSA.
Voici d’autres exemples de tiers-lieux accompagnés par la CNSA : une cuisine partagée à l’Ehpad Les Grillons d’Aix-les-Bains ; un espace dédié à la musique et à la culture à l’Ehpad Mer et Pins de Saint-Brévin-les-Pins ; un café solidaire à l’Ehpad La Seigneurie de Pantin ; un jardin des générations à l’Ehpad La Mesnie de Saint-Pierre-sur-Dives.
Un guide pour mieux aiguiller les Ehpad
Constatant le nombre croissant de projets de tiers-lieux portés par des Ehpad (cuisines partagées, cafés solidaires, jardins…), la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie (CNSA) diffuse
un guide méthodologique et une boîte à outils pour accompagner leur mise en place.
Pour la CNSA, “il n’existe pas de modèle de tiers-lieu. Certains ont des similarités, mais tous sont différents. Il n’est pas un mode d’emploi qu’il faudrait suivre à la lettre, mais un recueil de bonnes pratiques, qui invite les porteurs de projets à se poser les bonnes questions et à structurer leur action.” Certaines étapes sont ainsi communes à chaque projet : penser à la transformation du bâtiment nécessaire, embarquer les équipes, faire participer les “habitants” de l'Ehpad, développer des partenariats, construire des cadres de financements durables, etc.
En complément, la boîte à outils contient plusieurs modèles de documents pouvant se révéler nécessaires à la gestion d'un tiers-lieu en Ehpad (diagnostic territorial, convention de partenariat, fiche de poste, convention de mise à disposition d'un espace, etc.).
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Autres sources des informations :
CNSA,
la coopérative tiers-lieux,
Retraite Plus, le Ministère chargé de l’Autonomie.