C’est avec une certaine inquiétude que le secteur du grand âge attend les annonces venues d’en haut concernant l’équipe gouvernementale. Dotée d’un ministère aux étendues très larges, Catherine Vautrin, désormais ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, est leurnouvelle ministre de tutelle.
Dans les jours prochains, un secrétaire d’Etat ou un ministre délégué aux personnes âgées devrait être nommé. Mais aura-t-il les moyens financiers et la pugnacité nécessaire pour mener les réformes qui s’imposent ?
Catherine Vautrin (ex-porte-parole de Nicolas Sarkozy, lors de la primaire de la droite en 2016) a déjà planché sur le sujet, puisqu’elle a été aussi secrétaire d’Etat aux personnes âgées dans le gouvernement Raffarin entre 2004 et 2005.

Reste que, face à l’urgence devant les mesures qui s'imposent, le vieillissement des papy-boomers, et les besoins accrus d’accompagnement des seniors, les nécessaires politques de prévention à mener, etc...les fédérations, et, plus largement, tout le secteur du grand âge, est dans l’expectative.

Les anciennes ministres, Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, et Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée à la Santé, avaient fait preuve de beaucoup de détermination. Aurore Bergé, main dans la main avec la première Ministre, Élisabeth Borne, avait notamment annoncé une loi de programmation sur le Grand âge pour 2024.

Agnès Firmin Le Bodo, quant à elle, avait œuvré pour des sujets de prévention essentiels comme la lutte contre la dénutrition, le Plan anti-chutes.

Voir l'article d'Aladom du 1er mars 2023 : Plan national anti-chutes : la CNSA organise une conférence un an après son lancement 

 

 Quels moyens pour les questions du vieillissement ? 

 

Un certain optimisme était donc de mise, malgré un certain nombre d'attentes déçues. Le secteur voulait y croire, entre une stratégie bien-vieillir qui mobilisait plusieurs ministres, le travail porté par les parlementaires, et la perspective de la loi de programmation à venir. Mais, avec le départ d'Aurore Bergé, et l'arrivée du nouveau Premier Ministre, Gabriel Attal, rien ne dit que le nouveau gouvernement va continuer sur cette lancée, et l'inquiétude est prégnante.

Très impliqué dans les questions du Grand âge, le député de l’Essonne Jérôme Guedj (Parti socialiste) fait partie de ceux qui ne voient pas d’un bon œil le nouveau ministère de Catherine Vautrin. « Elle se retrouve à la tête d’un mastodonte social, avec le risque que les sujets importants soient dilués », craint-il.

Les fédérations sont inquiètes également, à l'image de la Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées (FNAQPA), dans un communiqué.

Soulignant le travail d’Aurore Bergé autour la loi de programmation Grand âge, elle regrette que cette dernière ne soit pas maintenue dans ses fonctions pour mener son travail à terme.
Les adhérents de la FNAQPA (qui rassemble des gestionnaires d'établissements et de services à domicile à but non-lucratif) s’interrogent notamment sur l’engagement du Président de la République face aux défis du vieillissement. La FNAQPA, ayant relevé l’oubli des personnes âgées dans ses vœux aux Français, rappelle que ce sujet requiert "toute la considération du gouvernement, afin que soient mises en œuvre les politiques à la hauteur des enjeux sociétaux".

 

 Grand âge : un secteur en crise financière en 2024

 

 

Les attentes sont énormes, tant à long terme, pour faire face aux enjeux de la transition démographique à partir de 2030, qu’à très court terme. Les trois-quarts des Ehpad publics seraient en déficit, et beaucoup de structures de services à domicile proposant des prestations d'aide aux personnes âgées sont également en difficulté.
L’augmentation du tarif national plancher APA et PCH, d’à peine 2,17 % pour 2024, est bien en deçà de ce qui était attendu. A cette annonce, en début de mois de janvier, la Fédésap, l’Unccas, la Fesp et le Synerpa Domicile avaient aussitôt interpelé le Gouvernement pour lui demander un respect de ses engagements en matière de revalorisation du tarif APA/PCH au 1er janvier (en le revalorisant de 5,6 % à savoir 24,28 euros par heure).

Reste à savoir si, face à cette « catastrophe annoncée », et aux enjeux cruciaux à venir, les nouveaux ministres et secrétaires d’Etat auront les moyens nécessaires pour accompagner et prendre en compte les revendications des acteurs de terrain.