Etat des lieux des difficultés rencontrées
La FNADEPA Fédération Nationale des Associations de Directeurs d'Etablissements et services pour Personnes Agées), la FHF (Fédération Hospitalière de France) mais aussi les personnels soignants, les élus, les syndicats ou encore les associations, ne cessent d'interpeller le gouvernement sur la
situation de plus en plus critique des Ehpad et des services à domicile.
Dans un
récent communiqué de presse (en date du 11 décembre 2023), la fédération Santé Sociaux et la CFDT Retraités disent compter sur des mesures gouvernementales plus importantes pour préserver ce secteur, tout en dressant un bilan de la situation économique et RH des Ehpad et des services à domicile. Selon la CFDT Retraités, les principales causes des problèmes financiers et sociaux sont : une tarification encadrée et limitée, qui ne prend pas en compte l’inflation depuis deux ans ; des compensations financières insuffisantes et des retards de paiement de l’État et de conseils départementaux, notamment sur les mesures salariales issues du Ségur de la santé et la prime "grand âge" ; des hausses exponentielles de l’énergie et des denrées alimentaires ; des effectifs et des formations insuffisants ainsi que des conditions de travail pénibles ; une image dévalorisée des Ehpad et des métiers depuis l’affaire Orpea sans oublier la gestion du Covid.
Ces difficultés ont un impact direct sur les usagers (résidents et patients) et le personnel. Selon le syndicat et les dernières données de la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), les structures rencontrent des difficultés de recrutement et une moindre stabilité du personnel.
224 000 postes d'aides à domicile et d’aides ménagères sont non pourvus par les jeunes débutants. De plus, la datavisualisation de la Dares indique que, selon ses estimations, 305 400 postes d'aides à domicile et d'aides ménagères seraient à pourvoir d’ici 2030 !
Mais aussi, selon la CFDT Retraités, les personnes âgées et les familles décideraient de différer l’entrée en
Ehpad. Les professionnels quant à eux feraient le choix du travail temporaire, y compris dans les hôpitaux, pour une rémunération supérieure et davantage de liberté dans leur métier. Cela se traduit par une moindre stabilité du personnel, ce qui est préjudiciable aux personnes accompagnées, aux personnes âgées et handicapées. Cela entraîne également une augmentation de la masse salariale. CFDT Retraités souligne que les Ehpad du secteur public et associatif sont plus touchés que ceux du commercial dont les tarifs et les augmentations salariales sont plus élevés. Néanmoins, les déficits touchent tous les secteurs.
Et pourtant, le gouvernement dit être venu à la rescousse…
C’est dans un communiqué de presse publié en plein de milieu de week-end, le samedi 9 décembre, que la Ministre des Solidarités et des Familles a tenu à rappeler les aides financières engagées par l’Etat en 2023.
“Face au défi du vieillissement de la population et devant les difficultés budgétaires majeures rencontrées par les EHPAD et les services d'aide à domicile, la Ministre des Solidarités et des Familles se mobilise avec l'ensemble des services de l'Etat.” est-il indiqué. Et de poursuivre : "Dès juillet, un fonds d'urgence exceptionnel de 100 millions d'euros a été débloqué avec la Première Ministre. Une nouvelle méthode de travail avec les départements et les Agences Régionales de Santé a été mise en place pour identifier les difficultés rencontrées par les établissements et les soutenir avec efficacité. Grâce à cette méthode et l'engagement massif de l'Etat, la Ministre annonce que ce sont près de 7 000 établissements et services d'aides à domicile qui seront soutenus financièrement en 2023 pour un montant global de plus de 695 millions d'euros.”
On retrouve la répartition géographique de ces aides via un schéma (voir photo 1) de la France métropolitaine et des DROM-COM (anciennement appelés DOM-TOM), qui accompagne le communiqué. Si l’Ile-de-France a reçu plus de 104 millions d’euros d’aides, Mayotte en a reçu 714 000€.
Enfin, Aurore Bergé tient à assurer son investissement dans sa volonté d’agir pour le bien-être et le bien vieillir des Français, indiquant, dans ce même communiqué de presse : "Depuis ma nomination en juillet, j'ai souhaité tout accélérer : présentation de la stratégie interministérielle Bien Vieillir, annonce de la loi de programmation pour garantir une trajectoire budgétaire et une gouvernance efficace et un soutien sans faille aux professionnels et aux structures. Ces 695 millions d'euros annoncés aujourd'hui pour l'année 2023 sont une nécessité pour permettre au secteur de se relever et de garantir la qualité de la prise en charge des Français."