Les conseils de prévention

On parle de mort subite du nourrisson quand le décès inattendu d’un bébé de moins d’un an reste inexpliqué malgré une enquête approfondie.

Comme l’indique Santé publique France, la prévention reste toutefois le meilleur moyen pour réduire le nombre de décès de jeunes nourrissons. L’agence nationale de santé publique s’appuie sur les recommandations de l’American Academy of Pediatrics (AAP), qui reposent sur des données scientifiques connues depuis les années 90, pour édicter quelques conseils de prévention à destination des parents et des professionnels de santé. Il s’agit de :

  • coucher les nourrissons strictement sur le dos, dans une turbulette/gigoteuse adaptée à leur taille et à la saison, sur un matelas ferme et dans un lit à barreaux sans coussin, ni drap, couette, oreiller, matelas surajouté, cale-bébé, tour de lit ou autres objets (doudous, peluches, etc.) qui puissent recouvrir, étouffer ou confiner l’enfant ;
  • ne pas surchauffer la chambre (maintenir la température entre 18 et 20 °C) et laisser l’air circuler ;
  • faire dormir le bébé dans la chambre de ses parents (mais pas dans leur lit) au moins les 6 premiers mois voire la première année, sur une surface de couchage qu’il ne partage avec personne d’autre ;
  • l’allaiter les 6 premiers mois pour qu’il profite des effets bénéfiques de l’allaitement maternel, l’effet protecteur étant majoré en cas d’allaitement maternel exclusif et de durée prolongée.


La publicité biaise la perception de la sécurité pour certains parents 

Dans plusieurs pays européens où les taux d’incidence de la mort subite du nourrisson sont élevés, on relève une fréquence élevée de pratiques parentales de couchage “à risque”. Hors, d’après la littérature scientifique, on sait que les images véhiculant des messages de santé implicites ou explicites se sont montrées efficaces pour modifier de nombreuses pratiques en santé (consommation d’alcool pendant la grossesse, allaitement maternel…). On sait aussi que si les images publicitaires ont historiquement constituées d’importants outils de persuasion, elles ont également toujours été une source d’information auprès des consommateurs.

Dans un article publié sur le site The Conversation, les chercheurs de l’étude soulignent l'importance de la publicité dans le conscient mais surtout le subconscient des parents, soulevant deux problématiques majeures.

Selon eux, dès lors qu’une publicité véhicule des informations qui ne sont pas fiables, comme représenter un bébé dans une position de sommeil non conforme aux recommandations, cela pose deux problèmes conséquents quant à la manière dont les parents vont traiter cette information. Le premier problème vient du fait qu’une image publicitaire fait autorité. Pour les consommateurs en général, les annonceurs sont censés être des experts de ce qu’ils vendent.

C’est le cas a fortiori pour les jeunes parents qui se disent que des fabricants de produits destinés à une population aussi vulnérable que les nourrissons savent ce qu’ils font. Par conséquent, les parents risquent d’accepter et de prendre pour argent comptant les informations qui leur sont présentées sans juger de leur validité de manière critique. Ce phénomène est connu depuis longtemps sous le nom de biais d’autorité.

Le deuxième problème est peut-être encore plus pernicieux : certains pourraient rétorquer que les parents connaissent les recommandations éditées pour créer un environnement de sommeil sécurisé pour un nourrisson. Celles-ci leur sont souvent communiquées à la maternité ou lorsqu’ils se rendent chez leur pédiatre. Malheureusement, l’exposition répétée aux mêmes informations erronées sur les emballages de produits pour bébés (par exemple, l’exposition répétée à un bébé qui ne dort pas sur le dos) peut créer une illusion de vérité.

Même si les gens savent au départ que cette représentation n’est pas correcte, ils peuvent finir par croire qu’elle l’est. En résumé, tout en sachant qu’il est recommandé de faire dormir un bébé sur le dos, les parents peuvent finir par croire que le coucher sur le ventre n’est pas si terrible que cela.

C’est dans ce contexte que des chercheuses et chercheurs de l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), des enseignants-chercheurs d’Université Paris Cité et de HEC (Hautes Etudes Commerciales) Paris, en collaboration avec l’AP-HP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris), le CHU (Centre Hospitalier Universitaire) de Nantes et d’autres structures de recherche européennes, ont étudié les images présentes sur les emballages de couches pour bébés dans 11 pays européens dont la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.


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Les résultats de l’étude : légiférer pour mieux encadrer ? 

Les faits sont là, chaque année en France, 250 à 350 bébés décèdent de mort inattendue du nourrisson. Malgré une diminution de plus de 75% du nombre de décès suite aux campagnes nationales “je dors sur le dos” et aux conseils de prévention autour du couchage dans les années 1990, le nombre de décès stagne depuis les années 2000. On estime actuellement qu’encore 50% des cas de mort inattendue du nourrisson seraient évitables en respectant les mesures de prévention recommandées notamment en termes d’environnement et de couchage. L’étude révèle que les visuels utilisés sur les emballages de couches pour bébés n’y sont pas étrangers.

Pour chaque emballage de couches identifié, les chercheurs ont extrait les données suivantes : y avait-il une image représentant un bébé, le bébé dormait-il et, le cas échéant, le bébé dormait-il en conformité avec 3 des 7 recommandations de prévention de mort subite du nourrisson pouvant être facilement évaluées sur des images ?

L’équipe de recherche a ainsi identifié 631 emballages de couches pour bébés de moins de 5 kilos. Ainsi, on pouvait observer un bébé endormi sur le ventre ou sur le côté sur 45% de ces paquets. Dans 51% des cas, le bébé dormait avec des objets mous à proximité de lui ou avec une literie non adaptée (oreillers, jouets ressemblant à des oreillers, jouets en peluche, couettes, édredons, peaux de mouton, couvertures, draps non fixés ou présence d’un tour de lit). Enfin, dans 10 % des cas, le bébé partageait la surface de couchage avec une autre personne.

Les chercheurs ont aussi conduit une recherche sur les sites internet d’agences sanitaires et ont trouvé, là encore, des images non conformes.

Selon eux, les résultats sans appel de leur étude, devraient inciter les fabricants et le législateur à prendre des mesures pour rendre les emballages de couches pour bébés, et plus généralement toutes les photographies commerciales et officielles, conformes aux recommandations pour la prévention de la mort subite du nourrisson.

A ce titre et en guise de conclusion, l’un des auteurs de l’étude, Martin Chalumeau, épidémiologiste à l’Inserm, professeur à Université Paris Cité et pédiatre à l’AP-HP déclare : “Nos résultats soulignent qu’il y a un décalage entre les messages qui sont véhiculés sur ces produits du quotidien ou des sites institutionnels, auxquels de nombreux parents sont fortement exposés, et les recommandations pour la prévention de la mort subite. Ces résultats suggèrent la nécessité d’actions de la part des fabricants et des législateurs pour empêcher cette exposition à des images commerciales ou officielles non conformes aux recommandations de prévention de la mort subite du nourrisson afin de prévenir des pratiques de couchage dangereuses. Fabricants et législateurs participeraient ainsi pleinement à la juste information en santé.” 

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Source : Inserm