(Article mis à jour le 04/10/2023)
La France connaît une pénurie d’auxiliaires de vie et d'aides à domicile aux personnes âgées, et beaucoup de plans APA (allocation personnalisée d'autonomie) ne sont plus honorés pour venir en aide aux personnes âgées.
La situation est encore pire dans certains cas, lorsqu’il s’agit de personnes en situation de handicap qui ne peuvent absolument pas se passer d’aide. « Il y a parfois mise en péril lorsqu'il y a besoin d'auxiliaire de vie, d'aide à domicile 24h/24, parce que la personne est tétraplégique et nous n'avons personne », soulignait la présidente de l’AFM-Téléthon Laurence Tiennot-Herment, ce matin sur Franceinfo. « On a des situations dramatiques avec des gens qui restent dans leur fauteuil parce qu'ils ne peuvent pas être couchés. »

Quand les personnes en situation de handicap ont des proches disponibles et investis, ce sont eux qui font office d’auxiliaire de vie, au risque de s’épuiser eux-mêmes. Une solution inadmissible pour Laurence Tiennot-Herment, pour qui« la solidarité familiale ne doit pas se substituer à la solidarité nationale. ». « Lorsque la personne est très dépendante, elle a besoin de gestes pour tout », souligne-t-elle. « On peut se dire qu'en situation très aiguë la solution serait l'hôpital. Or, quand on voit la crise, aussi, à l'hôpital, c'est inacceptable ».

 

C’est pourquoi, devant l’urgence, et une situation qui va de mal en pis, l’AFM-Téléthon et APF France handicap, qui ont déjà alerté les pouvoirs publics, ont décidé de saisir la Défenseure des droits dès demain pour« mise en danger de la vie d’autrui » et « non-assistance généralisée à personnes en danger ». Il s’agit là pour elles d’une discrimination par rapport à la personne en situation de handicap. « De nombreuses personnes en situation de handicap, lourdement dépendantes, nécessitant une aide à domicile pour tous les actes de la vie quotidienne, se trouvent, du fait de la crise du secteur de l’aide à domicile, du manquement criant de personnel et de son très faible niveau de compétence, dans une situation qui les met en péril et peut même porter atteinte à leur vie », indique le communiqué, relayé par Franceinfo. "Les causes de cette crise d'une ampleur sans précédent sont bien connues", indique le communiqué de presse :

  • "sous-financement public des besoins en aide humaine ;
  • insuffisances des tarifications des prestations notamment PCH ;
  • insuffisances des évaluations et des suivis des plans d’aides par les MDPH ;
  • faiblesse de la rémunération des salariés ;
  • déni de la charge mentale et physique ;
  • non reconnaissance financière de la technicité nécessaire pour intervenir auprès de personnes en situation complexe) ;
  • manque de valorisation sociale de ces métiers ;
  • retard culturel de la France sur la place des personnes en situation de handicap et sur le rôle de celles et ceux qui les accompagnent."

 

Aides à domicile : des métiers à revaloriser de toute urgence

 

Le métier d’aide à domicile manque de reconnaissance, malgré son utilité, et le rôle essentiel des auxiliaires de vie. Il est fatigant, mal payé, souvent à temps partiel (avec une moyenne de 900 euros par mois), et rémunéré à la tâche, comme l’a rappelé le député socialiste de l'Essonne Jérôme Gued, par ailleursprésident du groupe d’études longévité et adaptation de la société au vieillissement,au dernier congrès de la Fédésap (Fédération des services à la personne et de proximité), en début de semaine. « On s’accommode d’un système de tarification moyenâgeux et archaïque : il n’y a pas une politique publique où on rémunère les gens en fonction d’une tarification à l’heure, à la tâche… », a-t-il martelé.

Par ailleurs, les pauses entre deux usagers peuvent être parfois trop longues, et les temps de déplacements des aides aux personnes âgées ou des aides aux personnes handicapées ne sont pas toujours rémunérés, selon le moment de la journée où ils ont lieu.

 

Un autre problème est que les différentes compétences sont insuffisamment prises en compte. « Entre une aide à domicile qui doit donner à manger et une aide à domicile qui doit pratiquer une aspiration endotrachéale, la différence de rémunération est de 70 centimes, » souligne encore Laurence Tiennot-Herment.

 

Elle appelle à revaloriser ces métiers de l'aide à domicile, et à une formation adéquate, afin qu’un plus grand nombre d’auxiliaires de vie soient en mesure de prendre en charge également les personnes à haut risque vital, pour lesquelles il n’y a plus, aujourd’hui, de réponse en dehors de la solidarité familiale.

 

Pour elle, il est essentiel de faire une réforme structurelle pour l'aide à domicile. 






Pour aller plus loin : 


Voir le communiqué de presse de l'AFM Téléthon et de APF France handicap 


Voir l'interview de Laurence Tiennot-Herment sur Franceinfo


Voir l'article de Franceinfo : Pénurie d'aidants : l'AFM Téléthon et APF France handicap vont saisir la Défenseure des droits pour "mise en danger de la vie d'autrui"