Les personnes en situation de handicap vieillissantes sont de plus en plus nombreuses (en huit ans, de 2011 à 2019, le nombre de bénéficiaires de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) de plus de 50 ans a augmenté de 55 %) et leur espérance de vie s’accroît. Comment, dans ce cas, leur offrir des conditions d’accompagnement satisfaisantes, dès à présent, et dans le futur ? C’est ce sur quoi se penche un rapport de la Cour des comptes publié le 13 septembre, intitulé« L’accompagnement des personnes en situation de handicap vieillissantes ». Car la situation est problématique, quels que soient les profils identifiés par la Cour des comptes (deux profils principaux) :
  • les personnes atteintes de déficiences motrices, viscérales et sensorielles qui représentent une majorité de situations de handicap acquis en cours de vie, après 50 ans. Ces personnes sont plus souvent capables de travailler et demandent plus souvent une reconnaissance de travailleur handicapé.

  • les personnes présentant des troubles psychiques, intellectuels ou cognitifs, qui sont plus éloignées du monde du travail et auront davantage besoin d’une allocation aux adultes handicapés (AAH) ou d’une orientation en établissement ou service médico-social.




Personnes handicapées vieillissantes : un droit à bénéficier d’un accompagnement conforme qui n’est pas respecté


« Manque d’anticipation des politiques publiques », condamnations de l’Etat pour « carences »…Alors que les personnes porteuses de handicap, quand elles vieillissent, ont besoin d’un accompagnement adapté à leur situation (à domicile pour l’immense majorité ou en établissements spécialisés pour les moins autonomes), trop souvent, le droit à bénéficier d’un accompagnement conforme aux orientations prononcées par la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), n’est pas respecté, souligne la Cour des comptes. Pour elle, c’est l’accompagnement à domicile qui doit être prioritaire.






Personnes handicapées vieillissantes : 120 000 places de services à domicile à créer











Les personnes vivant en domicile autonome représentent actuellement l’essentiel du public handicapé vieillissant (90 %) et, en premier lieu, c’est sur l’accompagnement à domicile que doit porter l’effort, estime la Cour des comptes.  Cet effort, qu’elle évalue à un milliard d’euros, doit permettre aux personnes en situation de handicap qui le souhaitent de vieillir chez elles dans de bonnes conditions, et d’éviter les entrées en établissement quand elles ne sont pas souhaitées.
Pour favoriser cet accompagnement à domicile, 120 000 places de services à domicile doivent être créées, estime la Cour des comptes.

Ses différentes formes permettent notamment de retarder très souvent l’entrée en établissement. Plusieurs services existent pour à la fois sécuriser le séjour dans un domicile autonome et soulager les aidants :
  • les Saad (Service d’aide et d’accompagnement à domicile),
  • les SAVS (Service d’accompagnement à la vie sociale),
  • les Ssiad (Service de soins infirmiers à domicile), le cas échéant ou
  • les Samsah (Service d’accompagnement médico-social pour adulte handicapé).
Les particuliers à la recherche d’une aide aux personnes handicapées ou d'une aide à domicile aux personnes âgées peuvent déposer une offre ou consulter les annonces sur Aladom.fr, le site de mise en relation de référence dans les services à la personne.




Besoin d'aide à domicile ?

Accompagnement à domicile : un moindre coût pour les finances publiques











Le rapport rappelle que le coût annuel d’une place en service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) est en moyenne de 7 500 euros. Un coût bien moindre qu’en Ehpad (42 000 euros), ou qu’en foyer de vie (48 000 euros).

Le rapport insiste sur le repérage et la prévention. « Dans certaines situations, un accompagnement relativement léger, intervenant au moment adéquat, limiterait l’impact sur les finances publiques de prises en charge plus lourdes de situations dégradées », soulignent les auteurs. Il souligne l'importance d'offrir une offre de soutien à domicile étoffé, diversifiée, coordonnée, ce qui permettrait aussi d'éviter les situations de crise.

  














Des demandes d’hébergement en établissement souvent insatisfaites










 De nombreuses demandes d’orientation vers un établissement ou un service médicosocial (ESMS) n’aboutissent pas. Les chances d’être admis après une demande dans un établissement pour personnes handicapées sont de 75 % pour les 25-29 ans et de 33 % pour les personnes de 45 ans et plus.

Les personnes présentant une déficience psychique ou un handicap neurologique lourd sont particulièrement confrontées au manque d’offre médico-sociale adaptée. Les conséquences sont des situations d’exclusion sociale, des hospitalisations de longue durée inappropriées et des sorties vers des établissements non adaptés

Au final, beaucoup de personnes en situation de handicap vieillissantes se retrouvent dans les Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Avec 40 000 personnes hébergées, ils constituent leur principale structure d’accueil.

Pour son enquête la Cour des comptes a analysé des données des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) et des tableaux de bord des établissements et services sociaux et médicosociaux (ESMS). Huit départements ont été pris en compte particulièrement (Dordogne, Essonne, Maine-et-Loire, Marne, Martinique, Meuse, Nord et Savoie).







Pour aller plus loin :



Voir le rapport de la Cour des comptes : L'accompagnement des personnes en situation de handicap vieillissantes