Les Ehpad (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) ne sont plus assez remplis, et ceci entraîne pour eux des déficits importants, aggravés par d'autres facteurs, notamment l’inflation en cours.
La survie de certains établissements est déjà en jeu, indiquait déjà en début d’année un rapport de la FHF (Fédération hospitalière de France) . En 2022 le taux d’occupation de ses Ehpad publics était sous la barre des 94 % (inférieur de 2,75 % à celui de 2019).
Or, l’équilibre budgétaire d’un Ehpad est bâti sur un taux d’occupation de 95 %.Le chiffre diffusé le mois dernier
sur les réseaux sociaux de Luc Broussy, figure de référence dans le secteur du grand âge (il est l’auteur de plusieurs rapports,
éditeur de presse, et aussi président de la filière Silver économie et du Think Tank Matières Grises),
est encore plus inquiétant.
En Île-de-France, le taux d’occupation des Ehpad n’était plus que de 85,1 % en moyenne au premier trimestre 2023 (donnée de l'Agence Régionale de Santé).
Les chiffres dans le détail pour le taux d’occupation dans les Ehpad d’Île-de-France sont les suivants :
- Privé à but lucratif 83,87 % ;
- Privé à but non-lucratif 87,12 % ;
- Public autonome 86, 65% ;
- Public hospitalier 80,83 % ;
- Public territorial 84, 54%.
« Un taux tout à fait alarmant qui remet gravement en cause le modèle économique des Ehpad publics comme privés », alerte Luc Broussy (pour rappel, au niveau national, 48 % des lits se trouvent dans les établissements publics, 29 % dans le privé à but non-lucratif et 23 % dans le privé commercial, selon les derniers chiffres de la CNSA.)
L’ARS ne donne pas d’explication à cette perte de vitesse.
Serait-ce que des établissements ont fermé des lits,
faute de personnel suffisant, ou
serait-ce que les demandes sont en chute libre, à cause de la mauvaise image des Ehpad suite au Covid et au scandale Orpea, entre autres ?
Le rapport de la FHF du début de l'année se montrait plus rassurant sur ce point indiquant que ce ralentissement d’activité des Ehpad correspondait à « une baisse conjoncturelle que la démographie viendra corriger à court terme ».
Mais la crise ne serait-elle pas plus grave ?
Données sur le taux de fréquentation des Ehpad d'Ile de France : de nombreux commentaires sur LinkedIn
Le post de Luc Broussy a suscité de nombreux commentaires sur le réseau professionnel LinkedIn.
Un cadre du secteur incite à la prudence, soulignant que les cibles de taux d'occupation diffèrent selon activités prises en compte dans le calcul (hébergement permanent, hébergement temporaire, accueil de jour) et que « les faibles taux d'occupation sur les accueils de jour et les hébergement temporaire tirent nécessairement ce taux moyen vers le bas. »
« Une fois le constat posé, quelles propositions ?»s’interroge une autre figure connue du secteur du Grand âge, Jérôme Pigniez, président fondateur de Silvereco.org :
« Aider avec des financements publics les ehpad ? Privilégier des petites unités de soins ? Fermer des ehpads le temps d'attendre la vague d'arrivée en dépendance des boomers ? Déconstruire le maintien à domicile, ou les résidences services ? Autre ? »
Et, si elles n’occupent pas une des 614 608 places en Ehpad (selon les derniers chiffres de la CNSA), où sont ces catégories de personnes représentatives des résidents en Ehpad, à l’instar :
- Des personnes très âgées et très dépendantes souffrant notamment de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées (l’âge médian d’un résident à l’entrée en Ehpad en 2019 est de 88 ans selon la DREES, enquête EHPA, 2019).
- De certains seniors plus jeunes, mais plus isolés (célibataires et sans enfants), plus défavorisées économiquement, sous tutelle, avec des difficultés pour résoudre les problèmes de la vie quotidienne.
Alexandre Faure, fondateur de l’agence d’études et de communication Sweet Home, spécialisée dans la silver économie, a interrogé sa communauté. La réponse est claire : les seniors sont chez eux !
Pour aller plus loin :