Le communiqué de presse commun rédigé par les fédérations du grand âge présente un état des lieux en trois points sur la situation du secteur. Il souligne la dégradation financière continue de la branche autonomie, ce qui fragilise davantage la prise en charge des personnes âgées. Il dénonce également un niveau de création d'emplois largement insuffisant pour faire face aux besoins croissants du secteur. Enfin, il met en exergue la fragilité économique persistante du secteur du grand âge, tout en pointant les incertitudes budgétaires qui planent sur son avenir (comme les futures baisses d'exonération de charges sociales pour les uns et les augmentations de charges sociales pour les autres, qui contribueront à aggraver les difficultés financières des structures et des acteurs du grand âge).



1. L’inadéquation des financements face au contexte économique du grand âge

L’examen du PLFSS 2025 se déroule dans un contexte budgétaire tendu, marqué par une politique de rigueur économique. La France réduit les financements alloués même aux secteurs essentiels, comme les soins et l’accompagnement des personnes âgées, que ce soit à domicile ou en établissement. Cette baisse de moyens inquiète particulièrement les acteurs du grand âge, confrontés à une demande croissante et à des difficultés économiques qui risquent de s’aggraver sans un soutien accru.

Les financements actuels peinent déjà à compenser la hausse des coûts qui frappe le secteur. Tous les opérateurs sont touchés par une inflation galopante, ce qui met chaque année en péril la solvabilité de la filière. Cette pression économique crée des situations de rupture entraînant des défaillances de structures qui ne cessent d’augmenter.

Malgré la promesse du président de la République d’adresser ces enjeux économiques, la mise en place d’une loi pluriannuelle sur le grand âge et l’autonomie est restée lettre morte depuis 2017. Sans solution pérenne, les fédérations et organisations du grand âge appréhendent le futur du secteur à l’horizon 2030. Ne pas allouer les financements nécessaires à ce dernier entraînera des situations de vulnérabilité, tant du côté des établissements et services que des collaborateurs. Prendre en considération le vieillissement de notre population est un investissement sur l’avenir, afin de permettre aux personnes âgées de “bien vieillir”.



2. L’insuffisance des objectifs d’emploi au regard du choc démographique

Face à une crise financière majeure, le secteur du grand âge subit également une pression sociale inédite. La filière est frappée par une pénurie de personnel significative, alors même que ces professionnels sont indispensables pour accompagner le nombre croissant de personnes âgées en perte d'autonomie. La combinaison de ces difficultés compromet la capacité du secteur à répondre efficacement aux besoins des seniors, dans un contexte où la demande ne cesse de croître.

Afin de répondre à la transition démographique inédite (d’ici 2030, un tiers des Français seront âgés de plus de 60 ans), le secteur va devoir recruter, former, et fidéliser près de 400 000 personnes à horizon 2030. Le PLFSS prévoit la création de 6 500 postes, un chiffre insuffisant pour répondre à l’urgence de la situation actuelle et qui ne présage pas l’atteinte de l’objectif pour les cinq prochaines années. Les pouvoirs publics devront également prendre en considération la pénibilité de ces emplois, un volet négligé par le texte avancé par le gouvernement, alors que nous alertons depuis de trop nombreuses années sur la dégradation des conditions de travail des professionnels du secteur.

Les dispositifs du PLFSS 2025 doivent donc être revus pour garantir trois impératifs : l’amélioration des conditions de travail, le développement de dispositifs de formation et les garanties financières des nécessaires revalorisations salariales.



3. La fragilité économique de la branche et les incertitudes budgétaires

Absent du discours de politique générale, le grand âge est aussi peu considéré dans le PLFSS 2025 : le sujet du vieillissement et de son accompagnement, qui aurait dû devenir la priorité des pouvoirs publics, n’est qu’un point aveugle du texte présenté par le gouvernement. Cette priorisation passe par un meilleur financement du secteur, qui n’est pas au rendez-vous.

En premier lieu, la LFSS 2024 indiquait que la branche autonomie devait être excédentaire de +0,9 milliard en 2025. Elle se trouve finalement déficitaire de -0,4 milliards et se retrouverait même en déficit jusqu’en 2028. Les fédérations et organisations peinent à comprendre la dégradation de la situation de la branche autonomie. Une situation alarmante pour un secteur qui devrait pouvoir s’inscrire dans une vision de long terme : le mur démographique de 2030 doit pousser le gouvernement et le Parlement à aller au-delà de chaque PLFSS annuel.

Dans un second temps, les fédérations et organisations constatent que l’ONDAM (ndlr : Objectif National de Dépenses d'Assurance Maladie - c’est un objectif de dépenses à ne pas dépasser en matière de soins de ville et d'hospitalisation dispensés dans les établissements privés ou publics mais aussi dans les centres médico-sociaux ; il est fixé chaque année par la Loi de Financement de la Sécurité Sociale) personnes âgées progresserait de +1,6 milliards d’euros en 2025, soit une augmentation de près de 10% (par rapport à l’ONDAM 2024 rectifié à la baisse à 16,1 milliards d’euros). Cette augmentation laisse toutefois planer le doute sur le taux de reconduction en 2025.

Enfin, le cadre des dispositifs sociaux du PLFSS 2025 est inquiétant, les fédérations et organisations notent des coupes importantes et lourdes de conséquences. L’impact, du côté du secteur privé des baisses d’exonération de charges et du côté du secteur public de l’augmentation du taux de charges CNRACL (Caisse Nationale de Retraites des Agents des Collectivités Locales), aura un effet budgétaire et financier dévastateur qui aura des conséquences sur l’emploi.

Pour conclure, les fédérations estiment qu'à l’approche de l’examen du PLFSS 2025, les pouvoirs publics doivent tenir compte de l’appel collectif des fédérations et organisations, dont les structures qu’elles représentent sont de plus en plus dans l’incapacité de faire face à l’urgence démographique. Sans un financement adéquat, le secteur du grand âge ne pourra pas répondre au choc démographique de la prochaine décennie.


Source de l'ensemble des informations : Communiqué de presse des fédérations et organisations du grand âge :  Synerpa, Adédom, AD-PA, Cndepah, Collectif Domicile, Fehap, FESP, FNADEPA, Mutualité Française, Nexem, UNA, UNCCAS, UNIOPSS